CONSEILS D’UNE PHARMACIENNE

LA pharmacienne

La pharmacie n’a jamais été ma véritable vocation mais cette formation initiale m’a apporté la compréhension du fonctionnement du corps humain et toutes les connaissances et la rigueur scientifique que j’utilise encore aujourd’hui.

Mon diplôme de Docteur en pharmacie (option industrie) m’a conduit à des fonctions incroyablement variées et intéressantes du point de vue des responsabilités engagées.

Tout d’abord en marketing, comme chef de produit grand public avec la satisfaction de participer à des lancements à succès comme celui du Foltène ou des produits innovants comme le premier test de grossesse en France.

Puis, pharmacien responsable d’une filiale de Pfizer, j’ai découvert le monde du matériel médical et ses contraintes réglementaires et l’assurance qualité.  Ce poste à responsabilité, dès mes premières années d’exercice, m’a donné de l’assurance et la confiance en mes capacités d’adaptation.

Je suis passé également par la case pharmacie hospitalière, et établissement moyen et long séjour pour des remplacements, en prison également au service pharmacie, je vous rassure. Puis je me suis impliquée personnellement dans une structure prestataire de matériel médical à domicile et j’ai découvert tout le secteur en plein expansion du maintien à domicile en France.

Depuis plusieurs années, j’ai rejoint mon secteur de prédilection : l’addiction et exerce des fonctions de pharmacien spécialisé dans plusieurs centres autour de Lyon. Ce poste s’accorde parfaitement avec mes activités complémentaires en tabacologie.

expÉrience MARQUANTE

Une matinée qui compte encore pour moi

7h du matin dans une salle d’opération – Hôpital de Villefranche sur Saône – il y a plus de 16 ans.

Levée tôt ce matin là pour assister à différentes opérations au bloc opératoire en tant que pharmacien remplaçante, je n’imaginais pas à quel point ce que j’allais vivre compterait dans mes choix de formation et orienterait ma vie professionnelle précisément.

La matinée se déroule à vitesse grand V, les mouvements dans la salle, les gestes précis s’enchaînent, les mots échangés sont comptés. Nous accueillons le troisième patient, une patiente, 40 ans, mariée, mère de famille… Rien ne laisse deviner ce qui l’amène ici. Et voilà que l’opération démarre, rien à voir avec les opérations plus légères qui ont précédé ; le chirurgien est grave, « TABAGISME PASSIF » me lance-t-il, « elle n’a jamais fumé, son mari si… » je retiens mon souffle, c’est donc vrai, on peut se retrouver avec un lobe de poumon en moins comme ça, sans fumer, juste en respirant près de son mari… Cela me laisse songeuse … Je pense à leur fils… Et si c’était lui sur cette table ? De retour à la maison, son mari aura-t-il cessé de fumer ?

Je découvre le résultat : un galet gris, dense qui semble peser une tonne, une tonne de problèmes et de malheurs. J’ai hâte que cela se termine bien pour la patiente, qu’elle soit libérée de ce poids et respire à nouveau normalement. L’instant est grave, juste essentiel et vital pour la patiente … Mes yeux sont rivés sur cette masse rose foncé à l’intérieur de sa cage thoracique, et doucement, progressivement, le poumon se gonfle, s’éclaircie d’un beau rose nacré, montre toute son élasticité tel un petit nuage joufflu qui ensuite se dégonfle, fait une pause et reprend son expansion comme cela plusieurs minutes, jusqu’à trouver un rythme lent et régulier. J’en ai les larmes aux yeux au-dessus de mon masque. Les mots du chirurgien résonnent encore en moi « regardez comme c’est beau un poumon rose qui respire ! » FIN de l’opération.
Ces mots et images gravés dans ma mémoire et ont conduit mes recherches et mes journées d’accompagnement passées auprès de fumeurs pour leur éviter de vivre ce que j’avais vu, les aider à conserver leur merveilleux poumon rose, et protéger leur famille.

Aujourd’hui encore je repense à cette matinée et sais à quel point je veux contribuer à lutter contre les dégâts du tabac et que

« Plus que tout, c’est l’expérience qui oriente notre vie »